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Denis Godard, un socialiste français central dans l’organisation des manifestations, s’est entretenu avec Socialist Worker

Des milliers d’antiracistes ont manifesté à travers la France lors de plus de 50 manifestations ce week-end contre les nouvelles lois racistes et la montée de l’extrême droite et des fascistes. Les marches sont un signe important de résistance dans un climat politique saturé par le racisme d’État systématique et le Rassemblement national fasciste de Marine Le Pen.

A Paris, plusieurs milliers sont descendus dans la rue dimanche, plus que certains ne l’avaient prévu. Les groupes de travailleurs migrants étaient en première ligne. « Libérez les sans-papiers, libérez les mal-logés, libérez les réfugiés », scandait une grande délégation.

Les travailleurs ont dénoncé la manière dont ils sont durement exploités dans les secteurs de la restauration, du bâtiment, du nettoyage et de la garde d’enfants. Ils sont privés de leurs droits et font face à la menace constante d’expulsion et d’agressions de l’État.

D’autres marcheurs se sont souvenus de ceux tués par la police, comme Adama Traoré en 2016. La manifestation a montré la colère contre le gouvernement, les lois racistes et Le Pen, mais aussi contre l’impérialisme et les patrons qui abusent des travailleurs migrants.

D’autres manifestations ont eu lieu dans des villes comme Perpignan, Poitiers, Toulouse, Besançon, Bordeaux, Le Mans, Lille, Marseille, Menton, Montpellier, Nantes et Nice.

Les organisateurs de la Marche des Solidarités ont déclaré : « Le monde aujourd’hui incarné par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin chasse, attaque, tue, expulse, discrimine, surexploite et divise sur la base de l’origine, de la couleur de peau, de la nationalité, de la religion.

« Ce monde qui brise les solidarités détruit aussi la planète, développe toutes les inégalités et attaque tous nos droits. Ce monde porte la guerre et le fascisme. Nous disons que si nous ne ripostons pas lorsque l’un de nous est discriminé, humilié, réprimé, exploité, toutes nos luttes sont affaiblies.

Denis Godard est un socialiste et antiraciste qui a joué un rôle central dans l’organisation des manifestations. Il a déclaré à Socialist Worker : « Il y a plus de dix ans, nous avons lancé le processus qui a conduit à ce niveau de mobilisation. Cela a commencé par des manifestations pour les droits des migrants le 18 décembre, journée internationale des migrants des Nations Unies.

« Cette année, les manifestations sont la rampe de lancement d’une campagne pour arrêter une nouvelle loi anti-migrants vicieuse et raciste. Le gouvernement veut le mettre en place en mars ou avril prochain.

« Elle a été appuyée par de nombreuses déclarations racistes de Darmanin et du président Emmanuel Macron qui assimilent ‘étrangers’ à ‘délinquants’. L’ensemble du projet fait monter le racisme dans la société française et donne plus de confiance et de légitimité aux fascistes.

« Mercredi soir, dans plusieurs grandes villes, des équipes fascistes ont attaqué de jeunes Arabes qui sont descendus dans la rue après le match de Coupe du monde entre le Maroc et la France. A Montpellier, un jeune arabe de 14 ans est mort après avoir été percuté par une voiture.

Il a ajouté : « La nouvelle loi s’inscrit dans toute la logique du gouvernement contre les pauvres en général et contre les travailleurs. Il prévoit de régulariser un très petit groupe de travailleurs sans papiers dans des secteurs où les conditions de travail sont très mauvaises et les salaires très bas. C’est une façon de normaliser ces conditions de travail dégradées.

« L’intention est que ceux-ci puissent être généralisés par la suite. C’est la même logique qui est derrière une attaque contre les retraites à travers toute la classe ouvrière qui est planifiée en même temps.

« Les manifestations du 18 décembre ont été soutenues par les principales organisations syndicales nationales, la CGT, Solidaires et la FSU, et elles ont fait un discours commun contre la nouvelle loi sur l’immigration. Ils ont déjà annoncé leur détermination à lutter contre l’attaque contre les retraites. Mais l’implication active des syndicats dans la construction des manifestations était très faible.

« Ceux qui sont descendus dans la rue ce week-end seront un point de départ pour les batailles des semaines et des mois à venir. La clé sera les liens qui pourront être créés entre la lutte antiraciste, la lutte contre la loi sur l’immigration et la lutte pour la défense des retraites.

« Ce serait une erreur cruciale de sous-estimer la lutte contre le racisme et le fascisme dans la lutte pour les salaires et les retraites. Le gouvernement a une logique globale. Pour le vaincre, nous avons également besoin d’un mondial.